Rubrique des sports de l'Inde ou en rapport avec l'IndeDans le cadre de Corps en mouvement, le musée du Quai Branly propose plusieurs spectacles faisant intervenir la représentation corporelle par la danse ou le sport. L'Inde est ainsi représentée par l'intermédiaire du kalarippayatt (ou kalarippayattu), un art martial séculaire inventé en Inde du sud et duquel kung fu et autre karaté sont les descendants les plus connus…

Kalari et Kerala : une naissance commune

kalaripayat_1.jpgIl est impossible de déterminer avec précision à quand remontent les débuts du kalarippayatt. Nous n’avons guère pour cela que les légendes indiennes. Celle de Parasurama, rapportée surtout dans les chansons du Malabar (nord du Kerala), raconte que ce seigneur fonda l’Etat du Kerala en jetant sa hache de combat en mer d’Arabie, et le kalarippayatt naquit. Ayant acquis la double qualité de sage et de guerrier, Parasurama, premier gurukal "maître", enseigna alors son art martial à vingt-et-un disciples et fit construire cent-huit kalari "écoles" pour qu’ils protègent le nouvel état du sud de l’Inde. Le kalarippayatt est censé être l’art martial le plus ancien au monde. Depuis la pointe sud-ouest du sous-continent, le kalaripayat se propagera, véhiculé par les moines pèlerins, marchands accompagnés de gardes du corps et autres commis voyageurs. La légende nous conte qu’un expert en kalaripayat, moine bouddhiste de la caste des guerriers Bodhidharma remonta du Kerala à la Chine. Suivant sa route jusqu’au monastère de Shaolin, il y introduit la "boxe de Shaolin" qui donnera naissance au kung-fu. En effet, les arts martiaux pratiqués en Inde du sud (kalarippayatt, varma kalai, selambam...) et ceux qui sont exercés en Chine (kung-fu, tai-chi chuan...) montrent de nombreuses similitudes, notamment dans les mouvements enchaînés, les positions d’inspiration animale et dans un grand nombre de techniques tenues secrètes.

Le kalarippayatt vivra son âge d’or en Inde pendant la période féodale (du XIIIè au XVIè siècle). Lors du ankam, les lutteurs sont alors appelés à se battre (parfois en duel) pour mettre fin aux multiples conflits qui existaient entre petits royaumes aussi bien qu’au sein du peuple. Chaque partie s’en remettait à un lutteur de son choix. Le perdant devait verser une taxe au gouvernement de l’époque, ainsi qu’au vainqueur. Sous l’empire britannique, la science du kalaripayat manque à disparaître. Les colons en interdisent même la pratique en 1804. Avec plus de 500 kalaris recensées au Kerala, aujourd’hui le kalaripayat survit. Il existe deux versions du kalaripayat, celle du nord de la côte de Malabar (où presque chaque village possède son centre) et celle du sud, dans laquelle l’aspect médical s’apparente au siddha [l’une des formes du yoga]. Le kalaripayat, s’il est un art martial redoutable, est à la base même de la tradition médicale ayurvédique. Guérir est en effet un élément essentiel du kalaripayat. Il permettait aux chefs tribaux de disposer de soldats préparés au combat et capables de défendre vaillamment leur territoire.

La fondation The Aseema Trust
Localisée à Chennai (Madras) elle a été créée en 1996 par V.R. Dewika. Elle a la particularité de former de jeunes enfants et adolescents à l’art martial raffiné du kalaripayat au sein de l’école (kalari) de Thrissur, Sree Vailabhatta Kalari Sangam, fondée en 1957.
L’État du Kerala est en effet le véritable berceau du kalaripayat. Selon la légende, il serait l’art martial le plus ancien du monde et la racine des pratiques de Shaolin. Transmis par les moines pèlerins bouddhistes, il permettait aux chefs tribaux de disposer de soldats capables de défendre vaillamment leur territoire. Ses techniques de combat s’inspirent de l’observation de la nature, aussi peut-on évoquer l’idée d’un mimétisme animal.
Le kalaripayat, s’il est un art martial redoutable, puise dans les fondements même de la tradition médicale ayurvédique. Grâce à la connaissance des 107 points vitaux (ou marma) du corps et à la pratique du marma chikista (qui consiste à exercer des pressions sur des points nerveux précis), les blessures, les entorses et les fractures dues à la guerre pouvaient jadis être soignées.

L'enseignement dans le nord du Kerala

Le nord de l’Etat reste le véritable berceau du kalarippayatt. Ses techniques de combat sont nées, comme c’est souvent le cas, directement de l’observation de la nature et des animaux, ainsi peut-on évoquer l’idée d’un mimétisme animal. Plus tard, la connaissance du Dhanurveda (deuxième livre des Vedas) descendra du nord de l’Inde avec l’invasion aryenne pour se mêler au savoir indigène local.
L’apprentissage est progressif et commence très jeune ; avant même d’aborder une arme, le pratiquant doit se plier à une longue préparation corporelle. L’enseignement se décompose ainsi en quatre grandes étapes :
- Le meithary se compose d’exercices préparatoires, tels les lancers de jambes, torsions...
- Le meipayattu est l’équivalent du tao dans le kung-fu. Les mouvements commencent à s’enchaîner de manière très fluide. Les quelques douze leçons du meipayattu sont une succession de bonds, extensions, exercices de souplesse, travail d’équilibre et positions d’inspiration animale. Élégant et puissant, nous voguons entre force et grâce, nous sommes à la source même du kalarippayatt.
- L’enseignement du kole thari correspond au maniement des armes en bois : le bâton long (ou pathiruchan), le bâton court (ou muchant ), le bâton incurvé (ou otta).
- L’angathari est l’enseignement des armes métalliques tranchantes: couteau, dague, épée, lance, urumi.
- Pour le verum kall, il s’agit des techniques à mains nues : clés, étranglements, projections, attaques des points vitaux. Dans le style du nord, ces procédés viennent en dernier et seulement pour les élèves accomplis, car, très dangereuses, les attaques visent les points vitaux et correspondent à un enseignement accompli.

kalaripayat_2.jpg

Arme fétiche des Nayars (caste des guerriers keralais) à la période féodale, l’épée reste aujourd’hui une arme reine. Parmi de nombreux styles, le puliyankam (ou style du léopard) est le plus élaboré. Une pratique très féline et rapide où l’attaquant, caché derrière son bouclier, se tient prêt à bondir.
Voir aussi
Les cours de kalarippayatt en France

kalarippayatt au musée du Quai Branly

Dans le cadre de
Corps en mouvement 

Quand ?
De 24 au 27 juin 2008 à 17h et samedi 28 juin à 14h et 17h

Combien ?
Gratuit

Où ?
Musée du Quai Branly
Théâtre de Verdure
37 quai Branly - 75007 Paris
Métro Bir Hakeim, Alma-Marceau ou Iéna
RER Pont de l’Alma
Tél. 01 56 61 70 00
Email
Contact@quaibranly.fr
Internet quaibranly.fr

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