Seule la transmission filiale ou par maître garde la tradition. Amjad Ali Khan bénéficie des deux formes d’enseignement, étant à la fois disciple et fils de Hafiz Ali Khan (qui avait soixante ans à la naissance d'Amjad), lui-même descendant de six générations de musiciens inventeurs du sarod. Incarnant les routes de la soie, cet instrument est originaire d'Afghanistan et dérive du rabab. Dépourvu de fret, il possède deux caisses de résonance situées de part et d'autre du manche dont la touche est métallique. Il peut avoir entre 19 et 25 cordes. Quatre d'entre elles sont utilisées pour la mélodie. Deux ou trois cordes servent pour le rythme. La corde utilisée pour le bourdon est appelée chikari. Les autres sont des cordes sympathiques. Les cordes sont pincées avec un plectre en noix de coco.

les_orientales_6.jpg

 

Amjad est né en 1945 à Gwalior, ville située dans le Madhya Pradesh au centre de l'Inde, à quelques heures de route de Agra. Dés l'âge de 6 ans il donne son premier concert en qualité de soliste. De son appartenance aux Bangash, il ne tire nul orgueil, simplement un devoir de perpétuer une tradition vivante. Au-delà de son école, ce sont plus de 80 disques qui marquent son empreinte sur la musique indienne. Ses deux fils, Amaan and Ayaan Ali Bangash, jouent du sarod et l'accompagnent parfois sur scène. L'homme est aussi lumineux que sa musique. Le son méditatif, un peu plus sombre que le sitar, car chaque note semble arrachée au silence, est une suite de draperie sonore, de stalactites de temps replié. Dans les passages lents, la musique vibre et résonne en sympathie avec l'univers. L'auditeur devient lui aussi une corde résonnante. Les longues descentes de notes se tordent sur l'invisible. Il semble que parfois les cordes sonnent à vide, fouettent le corps de l'instrument. Quand commencent les mouvements vifs, poussés alors par le tonnerre lointain et bienfaisant du tabla, les doigts d'Amjad Ali Khan déclenchent une grêle de gouttes sonores. Le tourbillonnement autour de quelques notes pivots va chercher derrière les nuages. Il ne fait aucune concession et se contente de tresser un chatoiement de couleurs par son instrument dit l'instrument aux mille couleurs.

 Non seulement il fait revivre les ragas anciens, mais il ouvre également le champ des possibles, restant ainsi fidèle à l'esprit profond de cette musique, tissée d'improvisations et de recréations. "There is no essential difference between classical and popular music. Music is music. I want to communicate with the listener who finds Indian classical music remote." (Il n'y a pas de différence fondamentale entre la musique classique et la musique populaire. La musique est la musique. Je veux communiquer avec les auditeurs qui trouvent la musique classique indienne trop éloignée de leurs préoccupations). Ainsi, Amjad refuse le purisme de nombreux artistes indiens pour lesquels la musique classique est l'apanage des esthètes. La musique est peut-être affaire de lignage, mais le maître s'efforce d'élargir le cercle des publics. On le dit sorti du système de castes, refusant de rester enfermé dans un art de cour, pour quelques salons de musique secrets et hors du temps. Il joue dans de nombreux festivals de musiques et collabore avec de grands orchestres symphoniques, en fin connaisseur de la musique classique occidentale. Le chant de son sarod s'élève aussi pour les enfants et les causes militantes. Le documentaire Les cordes de la liberté lui consacre un portrait. Amjad appartient à son temps, écoute MTV et reste curieux de tout… Grâce à son immense talent, un art de cour millénaire nous est donné presque en secret, comme une initiation à la beauté.

Site internet http://www.sarod.com

Représenté en France par :
Teental - Wakhevich & Co
42 rue de la Servette - 1202 Genève
Suisse
Contact Igor Wakhevitch (directeur)
Tél et Fax 00 41 227 33 19 61
Mobile (Suisse) 00 41 797 51 24 74
Mobile (Inde) 00 91 99 44 20 88 55
Email igor@teentaal.org
Internet
teentaal.org