iap_vig_5.jpgKaushiki Chakrabarty, dont c’est le deuxième concert au Théâtre de la Ville le 2 février prochain, est sans conteste la révélation du chant Khyal de ces dernières années. Le jury qui l’avait couronnée pour la BBC Award de 2005 l’avait bien pressenti. Les plus grands solistes de l’Inde l’ont honorée. Fille du célèbre chanteur Ajoy Chabrabarty, cette jeune Diva semble être née pour le chant. Sa voix de miel, aux grains d’une chaleur magnétisante, possède une force et une souplesse qui lui permettent toutes les figures du khyal et des thumree romantiques. Pour elle, chanter c’est respirer et ouvrir son âme au mystère du monde…

Un père célèbre
Jeune étoile montante du khyal, Kaushiki Chakrabarty est née en 1980 sur le campus de la Sangeet Research Academy (SRA) de Calcutta, fondation musicale où enseignait son célèbre père Ajoy Chakrabarty. Tout un symbole. On imagine peu l’adulation qui entoure ce chanteur prolifique dans les cercles musicaux de la capitale des arts. Ce Manitou au calme imperturbable a le pouvoir d’une éminence grise et gagne le respect de tous. Formidable manager, il a su mettre sur pied l’hiver dernier un gigantesque festival particulièrement bien construit et organisé pour célébrer somptueusement le dixième anniversaire de son école de musique Shrutinandan – la plus fréquentée de toute l’Inde – exploit réalisé dans l’enceinte d’un stade dernier cri. Tous les élèves de l’école se produisaient, en groupes dirigés par les maîtres, ou en solo accompagné. On assistait à une sorte de communion culturelle où l’on se rendait compte de la foi en l’art qu’a le peuple bengali. Des stars très attendues se sont produites, tels Zakir Hussain mais aussi Kaushiki. Ajoy Chakrabarty se préoccupe fort de la transmission aux générations futures d’une musique non déviée, et il voit grand. Après avoir enseigné à des chanteurs prodiges triés sur le volet au sein de la SRA, il décide de se consacrer à la jeunesse et construit un édifice imposant où il établit la plus grande école de musique privée du sous-continent. Il est le gourou de sa fille, dont il dit honnêtement qu’elle est meilleure que lui…

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A partir de la Gharana de Patiala
Dès son plus jeune âge, Kaushiki s’initie au chant avec sa mère. Le grand maître Gnan Prakash Ghosh prend le relais pour un enseignement formel et complet. Dès l’âge de dix ans, elle travaille avec son père. Il lui enseigne la tradition de la Gharana de Patiala, qu’il a apprise avec Munawar Ali Khan, le fils de Bade Gulam Ali Khan, qui en fut le plus célèbre interprète. Réputée par ailleurs pour ses Ghazal et Thumree, cette Gharana, établie au Penjab dès de XIXe siècle, a inclus dans son répertoire des compositions (bandish) de Delhi et de Gwalior. C’est dire toute la richesse qu’elle contient. À partir de cette assimilation, Kaushiki colore sa palette en s’inspirant d’autres Gharana-s qui lui permettent de mieux exprimer ses sentiments à travers sa féminité, la Gharana de Patiala étant avant tout une école de chanteurs. Si l’on se réfère aux déesses de l’hindouisme, cette féminité peut s’exprimer par la connaissance et la sagesse (Saraswati), par la richesse (Lakshmi), par la puissance (Durga) ou par la destruction des forces du mal (Kali, déesse vénérée au Bengale). Ainsi, les qualités féminines qui sont pour elle la douceur, l’attention à l’autre, l’amabilité, viennent se conjuguer avec la puissance. Et cette puissance qui nous soulève est là… Suivant une voie royale, elle n’arrête pas de progresser, comme on a pu le voir lors de son grandiose concert devant les deux mille spectateurs de Kolkata. Sa voix s’est enrichie, les grains en sont plus denses et variés, sécrétant comme une chaleur ambrée. Son art s’est considérablement enrichi, avec une assurance et une technique qui lui permettent d’explorer en profondeur et dans le moindre détail les figures mélodiques et rythmiques d’un Khyal riche en idées éblouissantes, dans une dynamique en constant déploiement.

Kaushiki ou le chant incarné
Kaushiki, dont la présence scénique est d’une pureté remarquable, semble être une incarnation du chant. Elle apparaît comme un miracle qu’on ne pouvait imaginer dans une époque fébrile où le brio et la facilité dominent sur bien des scènes. Son phrasé unique a la clarté et la chaleur des pierres précieuses. Le contrôle de sa voix est époustouflant dans les passages rapides montants et descendants (taan) où elle semble prendre des risques qui la stimulent. Elle explique que la source de son chant est en elle, plus que dans les Gharana-s qu’elle a explorées. Naturelle et d’une modestie touchante, cette artiste a reçu en 2005 une consécration internationale avec sa nomination par la BBC (Radio 3) pour le meilleur CD de musique de la région Asie Pacifique, tous pays confondus. Diplômée de philosophie, elle demeure humblement curieuse de tout, sans se précipiter. Non contente de chanter dans le style du nord, elle vient de publier un triple album où elle chante sur un CD le répertoire carnatique du sud qu’elle a appris ces dernières années. 

Kaushiki Chakrabarty accompagnée de :
Sanatan Goswamy harmonium
Sandip Ray Chowdhuri tabla

Écouter Kaushiki Chakrabarty
Extraits de Pure
Extraits de Kaushiki

Discographie
- Sense World Music (Angleterre)
- Pure
- Raga Madhuvanti
- Thumree Misra Mand. Yogesh Samsi, tabla
- Kaushiki, Dhrupad, Khyal, Bhajan, Thumree, Chant carnatique (Triple
Album)

Les critiques du concert
Le temps retrouvé de la chanteuse indienne Kaushiki Chakrabarty - Le Monde

Quand ?
Samedi 2 février 2008 à 17h

Tarif
Normal : 17€
Réduit : 12€

Lieu
Théâtre de la Ville
2 place du Châtelet - 75004 Paris
Métro Chatelet
Tél. 01 42 74 22 77

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Lien utile
Site du Théâtre de la Ville